قلعة
روحية
Citadelle
spirituelle
فسيحٌ
صباك الذ
يّ لا يطالُ
Immense
est ton inégalable jeunesse
وموحشةٌ
مثل روحي
Et glauque
comme mon âme
نهاياتك
المقفلة
Tes fins
fermées
فلا
زمّنٌ يصطفيكَ
Car, tu
n’as pas été l’élu du temps
ولا
كوكبٌ ينتهي فيكَ
Et aucun astre
ne trouve en toi son terme
صبحٌ
يفوتُ عليك
As-tu raté
le matin
وليلٌ
يحاذيكَ لا تنثني.
Et la nuit
t’aborde-t-elle, tu ne plies point.
فيالي
وللشعر
À moi ! Secourez la Poésie !
هذاّ الصديق الوحيد
Cette amie
solitaire
له
أنحني وجلاً وأصلي
Devant
elle, je me prosterne frileux et je l’invoque
له
ينحني ملكٌ وأميرٌ جميل
Devant
elle se prosterne tout roi et tout prince magnifique
أفي زمنٍ
متعبٍ مثل هذا
تغادر؟
Est-ce en
ce temps de lassitude que tu quittes ?
أفي
طرقٍ ضيّقة؟
Par des
voies étroites
تضيّعنا
يا صديقي
Que tu
nous perdras, l’amie
وتُسكننا
التيه.
Et que tu
nous logeras dans l’errance ?
مثل
السحابة
Tu nous absorbes dans un glouglou et nous installes
تجرجرنا
للبعيد الذيّ فيكَ
Dans tes
tréfonds, telle une nue
تمضي
fugitive
وتتركنا
لهوانا نغني.
Et nous
abandonnes chantant nos passions.
* * *
يغنون
نخبَ الزمان وأهوائه
Ils
chantent des hommages au temps et à l’air du temps
والزمان.
Et le
temps…
يجرّحهم
بالليالي الطوال
Il les
saigne par ses longues nuits
ويزهون
Alors
qu’ils vantent
عرشاً
وحلوى
Un trône et des gâteaux
ومائدةً
لستَ تهوى
Ainsi
qu’une table qui ne te convient point
إذن
ليس جلداً أميراً عليك
Ce n’est
donc point un cuir princier que tu portes
ولا
عنباً في الشفةْ
Ni des
raisins que tu as sur les lèvres
ولا
خمرةْ مترفةْ
Ni un vin somptueux
ولكن
قرعاً نبيلاً
يناديك
Mais une
noble citrouille t’apostrophe
يدعو
سرّا
Convie discrètement
إلى قلعة
شامخة
À une
citadelle altière
ستدخلها
وتقول : السلام.
Où tu
entreras en disant : salut.
* * *
هنا..
Ici…
بعد
عفوٍ لذيذّ وصحوٍ
كسولٍ وشمسٍ خفيفةْ
Après un
pardon exquis, un réveil paresseux et un soleil doux
أناديكَ.. أصبو
إليك
Je
t’appelle… je penche vers toi.
فلي
مقلةٌ لا تنام
Car, le sommeil a déserté mes prunelles,
ولي
كلمةٌ كالمُدام
Mes mots
sont semblables au vin
ولي
فارسٌ لا يخون
Et mon
cavalier ne trahit point
يعلمني
السحرَ والشعرَ والهمسَ للروح
Qui
m’apprends la magie, la poésie et à susurrer à l’âme.
سيفٌ
نبيل عصاه
Sa canne,
un noble glaive
وخميته
قلعةٌ واحتفال عجيب
Sa tente,
une citadelle et une festivité prodigieuse
وبردته
نبعُ أهلي القدامى
Son
manteau, la source de mes ancêtres
وخلوته
خمرةً وندامى
Son lieu
de réclusion, vin et commensaux
وأوله
غامضٌ مستريب
Son exorde a les contours vaporeux, est ombrageuse
وآخره
معتمٌ لا يدانى
Et son
épilogue opaque
فهل
تعرفين الذي يحتمي بالشجر؟
Connais-tu
alors celui qui se protège derrière les arbres ?
وهل
تعرفين الذي يختفي
في المياه؟
Connais-tu
celui qui se fond dans l’eau ?
وهل
تعرفين الذي في
الجسد؟
Et sais-tu
ce qu’il y a dans le corps
يجرجرني
كل ليلة
Elle m’entraine
toutes les nuits
إلى
ميتةٍ زائفةْ
Dans une
mort inauthentique
إلى
مستقرّ مليءٍ بروح
المحبين
Vers un lieu fixe peuplé par les âmes aimantes.
فرسانهم
Leurs chevaliers
قائديهم
Leurs leaders
شعراء
عزيزين.
Sont des
poètes altiers
هذي
العيون
Ces yeux
تعذبّني كل ليلة
Me mettent
au supplice
وتزحمني
بالجنون.
Et m’emplissent
de folie.
* * *
مغلقٌ..مقدّس.. مكتوٍ
باللهبْ
Clos…
sacré… cautérisé par les flammes
خافقٌ
نابضٌ في دمي
S’agitant
et palpitant dans mon sang
ينحني
للمشاعلِ
Se prosternant
devant les flambeaux
لا
ينحني لحاملها
Et non à
ceux qui les portent
ملجم هامةْ
البرقِ
Bridant la cime du
tonnerre
لا
يستريح
Il n’est
jamais au repos
ذاهبٌ
للأقاصي البعيدةْ
Allant jusqu’aux
extrêmes ultimes
عاصفٌ
مثل ريح.
Tempêtant
tel le vent.
* * *
أيها
الشعر
Ô Poésie
ألقي
خطاي
Je jette
mes pas
إلى
النهر.. مستلقياً فيه
لا ألتفت
Au fleuve…
m’y pavanant et ne me retournant point
سأتركها قلعةً
فارغةْ
Je l’abandonnerai
citadelle déserte
وأتركهم
شعراءً صغار
Et les
quitterai petits poètes
مهادنةً
روحهم
L’âme
molle
ومستعذ بون
لجاماً
Adorant
les brides
ومستسلمون
لأقدامهم
Soumis à
leurs pieds
لسوارٍ
بأعناقهم.
À une
chaine au coup
حُلّني
يا صديقي
Délivre-moi,
mon amie
سأسرقها
نبتةً مثل شوك قديم وأحيا
Je la
subtiliserai plant tel un épine séculière et je vivrai
ففي
الروح بعض الصدى
والشجون
Car, il
demeure dans mon âme quelques échos et de la nostalgie
للآلهة
ما أفاقوا
Pour des divinités encore assoupies
وآلهة
متعبين
Et des
divinités lasses
هنا
أيها الزمن السلحفاة
Ici, ô
temps qui suspend son envol
أقدّم
خطوي أخيرا
Je m’avance
enfin
فلا
الشعر باب الخلاص
Car, ni la
poésie n’est la voie du salut
ولا القلعة
الساكنة.
Ni la citadelle inerte ne l’est.